Passer au contenu principal

Smartphone au volant, danger permanent

Source : Antoine Boucher - Unsplash
Source : Antoine Boucher - Unsplash

Les assureurs AXA et MMA viennent de publier, à quelques semaines d’intervalle, deux études sur l’évolution des comportements au volant. L’une analyse les déplacements de tous les publics, l’autre se concentre sur les déplacements professionnels. Les chiffres et les enseignements se rejoignent… et sont préoccupants.

Smartphone : envolée des comportements à risque 

Enquête Kantar pour AXA Prévention. Écarts calculés d’après les chiffres de l’édition 2021.
Enquête Kantar pour AXA Prévention. Écarts calculés d’après les chiffres de l’édition 2021.

Selon AXA Prévention, 80% des Français reconnaissent  faire usage de leur téléphone en conduisant. Ce chiffre en forte hausse (+ 11 points en un an) concerne tous les usages :

  • Appel ou réponse au téléphone (52 %) 
  • Paramétrage du GPS (45 %), 
  • Lecture ou écriture de messages (34 %), 
  • Consultation de notifications (24 %), 
  • Publication sur les réseaux sociaux (8 %).

Les modes de travail évoluent. Le bureau s’est partiellement déplacé à domicile, et trouve aussi un prolongement en voiture. Le smartphone, outil de travail performant, est ainsi utilisé au volant pour :

  • envoyer des emails (15 %),
  • participer à une réunion de travail (6% soit 2 fois plus qu’il y a un an).

Ce besoin de connexion, qui va en augmentant à mesure que les voitures se muent en bureaux mobiles dotés d’écrans larges, apparaît comme un défi pour la sécurité routière. Pour sensibiliser les usagers de la route, AXA met à disposition une auto-évaluation en ligne de notre dépendance à la connexion.

De nombreuses mesures de prévention ou de sanction avaient déjà été prises pour dissuader l’usage du smartphone au volant. 

Le premier décret interdisant son utilisation au volant date de 2003. Le kit mains libres est proscrit depuis 2015. Depuis, le fait de tenir son téléphone en main, sans l’utiliser, est passible d’une amende forfaitaire de 135 € et d’un retrait de 3 points du permis de conduire. 

L’ONISR rappelle aussi régulièrement qu’un appel au volant multiplie par 3 le risque d’accident et la lecture d’un message par 23. Près d’1 accident corporel sur 10 serait lié à l’utilisation du téléphone en conduisant, un chiffre probablement sous-évalué. En effet les conducteurs ne reconnaissent pas toujours avoir utilisé leur téléphone dans ces circonstances. 

Tous les moyens de transport sont concernés. La palme de l’indiscipline revient aux utilisateurs de trottinettes qui sont 84 % à consulter leur smartphone en roulant.

Les cyclistes sont désormais 72 % (+ 14 points) à l’utiliser. Les propriétaires de vélo, sans doute plus conscients des risques, « ne sont que » 17 % à téléphoner au guidon, quand les utilisateurs occasionnels (qui les louent, par exemple) sont 77 %.

 Les utilisateurs de deux-roues motorisés sont aussi très nombreux (46 %) à utiliser leur smartphone. 

Enfin, 90% des piétons téléphonent en marchant, ce qui ne poserait pas de problème s’ils raccrochaient avant de traverser une rue ou avant de prendre leur véhicule.

8 Français sur 10 reconnaissent rouler trop vite

Enquête Kantar pour AXA Prévention. Écarts calculés d’après les chiffres de l’édition 2021.
Enquête Kantar pour AXA Prévention. Écarts calculés d’après les chiffres de l’édition 2021.

Le baromètre AXA montre aussi que les limitations de vitesse sont peu respectées, alors que 2021 avait vu s’esquisser une amélioration. 79% des Français reconnaissent rouler au-dessus des limites autorisées, quelle que soit la route empruntée. C’est 5 points de plus que l’année précédente.

Dans plus de 250 communes de l’Hexagone (dont 15 de plus de 100 000 habitants), la limite de vitesse a été réduite à 30 km/h au lieu des 50 km/h en vigueur depuis 1990. Seuls 28% des conducteurs respectent cette nouvelle limitation. Il semble bien que les bénéfices de ces « zones 30 » (réduction des nuisances sonores et de la pollution, sécurité accrue, agrément pour les piétons et cyclistes) ne sont pas encore perçus par les Français.

Pour rappel, une voiture lancée à 65 km/h a besoin de 40 mètres pour s’arrêter. Une distance triplée par rapport à une vitesse de 30 km/h (13 m).

Une sensibilité croissante à l’environnement

Enquête Kantar pour AXA Prévention.
Enquête Kantar pour AXA Prévention.

Ce niveau élevé d’indiscipline n’empêche pas les Français de modifier leurs attitudes et leurs comportements en faveur de l’écologie. 70% des automobilistes sont prêts à adapter leurs modes de déplacement. 

  • 64% des Français ont l’intention de limiter leurs déplacements.
  • 61% souhaitent opter pour des modes de transports actifs (marche, vélo, trottinette) quand 32% l’ont déjà fait. 
  • 44% des Français utilisent autant ou plus souvent le vélo qu’avant (+8pts) et en ce qui concerne la trottinette, ils sont 15% (+6pts). 
  • Plus d’1 salarié sur 3 en France serait prêt à venir au travail à vélo si son entreprise mettait en place le Forfait Mobilité Durable.

Les entreprises et leurs salariés sont particulièrement concernés par le risque routier. 356 personnes ont trouvé la mort en 2020 dans un accident de la route lié au travail. Il s’agit de la première cause de mortalité au travail. Selon MMA, plus d’un salarié sur deux déclare avoir « manqué de peu d’avoir un accident » ces derniers mois. Soit une augmentation de quatre points par rapport à 2021. 

C’est bien un fait de société : le smartphone prend de plus en plus de place dans notre vie. Un élément à prendre en compte dans les entreprises, où la sensibilisation au risque routier doit faire partie des éléments de communication déployés vers tous les salariés.