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90 ou 80 km/h ?

Source : département du Gers
Source : département du Gers

Le 9 janvier 2018, le Premier ministre annonce, avec 17 autres mesures, le passage expérimental de 90 à 80 km/h sur les nationales bidirectionnelles sans séparateur central. Cette expérimentation débute en juillet 2018, dure deux ans, et devait permettre de sauver 400 vies. Aujourd’hui, la moitié des départements sont partiellement revenus à une limite de 90 km/h.

Un bilan difficile à établir

En juillet 2020, la sécurité routière a communiqué son bilan et annoncé que 349 vies avaient pu être sauvés par la mesure. 

De son côté, la Ligue de Défense des Conducteurs reproche à la Sécurité routière :

  • de n’avoir pas circonscrit ses conclusions au seul réseau limité à 80 km/h ;
  • de ne pas prendre en compte les autres facteurs d’accidents comme l’alcool, les stupéfiants, la somnolence, le téléphone au volant pour ne retenir que la cause de la vitesse. 

Par ailleurs la réduction du trafic pour raisons sanitaires début 2020 rend toute comparaison complexe. 

80 ou 90 km/h ? La France est partagée !

Depuis la promulgation de la LOM (Loi d’orientation des mobilités) en décembre 2019, les conseils départementaux ont la possibilité de rehausser les limitations de vitesse sur certaines routes. Mais le Conseil national de la sécurité routière a émis des recommandations pour pouvoir revenir en arrière. Pour repasser à 90 km/h, les tronçons concernés ne doivent pas :

  • faire moins de 10km ;
  • comporter d’intersection avec une tourne à gauche ;
  • comporter d’arrêts de transport en commun ;
  • croiser un chemin de randonnée ;
  • traverser un hameau ;
  • être empruntés par des engins agricoles ;
  • comporter d’obstacles en bord de route.

Sur les 900 000 km de route autrefois limités à 90 km/h, moins de 5% sont repassés à cette limite. Seuls les départements les moins urbanisés ont pu appliquer cette règle à la totalité de leur réseau. C’est le cas par exemple de l’Allier, de la Corrèze,  de la Creuse et du Cantal. A l’inverse Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne sont exclus du dispositif puisqu’ils ne comportent pas de route répondant aux critères du Conseil. Les autres départements présentent des « taux » de passage à 90 km/h très variables.

Source : Ligue de défense des conducteurs
Source : Ligue de défense des conducteurs

Des automobilistes désorientés

L’hétérogénéité des limitations de vitesse qui en résulte, d’un département à l’autre ou à l’intérieur d’un même département, a semé le trouble dans l’esprit des usagers de la route. D’après une étude menée par Coyote, 8 Français sur 10 (39% régulièrement, 40% de temps en temps et 14% jamais) déclarent avoir des doutes concernant la limitation de vitesse à 80 ou 90 km/h sur les routes empruntées. Cette incertitude se retrouve dans les chiffres relevés par l’application TomTom sur 22 tronçons (dans la Sarthe, l’Allier, la Creuse, l’Orne, le Loiret, le Maine-et-Loire, la Côte d’or et la Lozère), qui étaient passées à 80 km/h entre 2018 et 2020 et qui sont aujourd’hui limités à 90 km/h. Sur ces routes, la vitesse moyenne relevée en 2022 est de 81,2 km/h, contre 79,2 km/h quand elles étaient limitées à 80 km/h, soit une différence de 2,6%.

Source département de l’Isère – Carte des routes limitées à 90 km/h
Source département de l’Isère – Carte des routes limitées à 90 km/h

Pour faciliter la conduite aux allures légales, les nouveaux modèles de véhicules commercialisés depuis juillet 2022 doivent être équipés d’un système d’alerte de dépassement de vitesse autorisée. En attendant le déploiement de cette nouvelle génération de véhicules, les conducteurs pourront utiliser des applications GPS mises à jour... et faire preuve de vigilance.

Source : département de l’Indre
Source : département de l’Indre