Passer au contenu principal

Ailleurs en Europe : plus de sécurité, moins de pollution

source : Youtube Mesta Fusion - Idemia

A travers l’Europe, les initiatives visant à améliorer la sécurité des usagers de la route et la santé des citoyens ne manquent pas. Parmi les mesures récentes, le cas de la circulation à Madrid et du traitement des excès de vitesse en Estonie méritent d’être cités.

« Madrid 360 » contre la pollution

Sous la pression de leurs citoyens et de Bruxelles, les grandes villes européennes présentent chacune, de façon non coordonnée, leurs plans de circulation pour les années à venir. 

Le cas du nouveau projet de la mairie de Madrid baptisé « Madrid 360 »  est intéressant car il vise à corriger, après un premier retour d’expérience, les faiblesses du projet précédent « Madrid Central ». José Luis Martínez-Almeida, maire de Madrid, explique que "Madrid 360" se traduira par une diminution des restrictions au centre de la capitale espagnole en échange de nouvelles règles concernant la ville entière. Ces mesures anti-pollution sont au nombre de 200 et leur entrée en vigueur s’étalera de 2020 à 2025.

Pour en comprendre la logique, rappelons que l’Espagne a adopté en 2019 une classification du niveau de pollution des véhicules :

- 0 : véhicules électriques et hybrides rechargeables avec plus de 40 km d’autonomie.
- ECO : véhicules électriques avec moins de 40km d’autonomie, hybrides non rechargeables, GNC, GNL et GPL.
- C : véhicules à essence immatriculés à partir de 2006 et diesel à partir de 2014.
- B : véhicules à essence immatriculés de début 2000 à fin 2005 et diesel de début 2006 à fin 2013.
- A  (sans vignette à afficher) : véhicules à essence antérieurs à 2000 et diesel antérieurs à 2006

Cette classification vise à réguler la circulation et va permettre d’appliquer les termes du projet « Madrid 360 » :

1. Des mesures contraignantes pour les véhicules polluants, qui se renforcent sur la durée :

  • Au 1er janvier 2020, le stationnement des véhicules de type A sera interdit dans l’agglomération, sauf pour les résidents mais uniquement dans leur quartier. 
  • Au 1er janvier 2022, l'accès et la circulation seront interdits à l’intérieur de la zone M-30 (autoroute circulaire de Madrid) à tous les véhicules de type A des non-résidents de la ville.
  • Au 1er janvier 2023, la circulation sur la M-30 sera aussi interdite à tous les véhicules de type A des non-résidents de la ville.
  • Au 1er janvier 2025, tous les véhicules de type A seront interdits sur l’ensemble du territoire de la ville.

2. Des mesures incitatives et des assouplissements de la règle actuelle :

  • Les commerçants du district « Centro », propriétaires de véhicules interdits de circulation avec le plan précédent, pourront à nouveau circuler.
  • Les véhicules de type B  pourront circuler dans le centre mais ne pourront stationner que dans des parkings payants réservés, et pas dans la rue.
  • Les véhicules de type C pourront accéder aux zones règlementées comme le centre à condition d’accueillir deux occupants minimum. 
  • Les parkings publics du district « Centro » réduiront leurs tarifs. Le nombre de places de stationnement réservées aux motos - notamment électriques - sera doublé pour atteindre 21.000 places dans quatre ans
  • 100 millions d'euros sur 4 ans seront investis afin d’inciter les particuliers à abandonner leur véhicule polluant au profit d’un nouveau véhicule de type ZERO, ECO ou C.

3. Ces nouvelles règles de circulation automobile sont accompagnées d’autres mesures visant à encourager l’usage des transports en commun alternatifs : 

  • Création de deux  lignes de bus zéro émission et zéro coût baptisées « Lignes Zéro». Le nombre de bus électriques en circulation passera progressivement de 68 actuellement à 668 en 2025. 
  • Développement sur quatre ans du programme de voies cyclables « BiciMAD » à l’intérieur et à l’extérieur de la M-30. 

L’Estonie change les lièvres en tortues

L’initiative de la république balte est originale et pédagogique : les automobilistes contrôlés en excès de vitesse se voient proposer de faire une pause plutôt que de payer une amende.

Les règles de ce programme pilote déployé entre Tallinn et Rapla sont suffisamment simples pour être facilement intégrées par les automobilistes :

  • Sont concernés les automobilistes pris en flagrant délit pour la première fois pour un excès de vitesse inférieur à 40 km/h
  • Les conducteurs ont le choix entre le paiement d’une amende de 190 € maximum et le fait de faire une « pause ».
  • L’arrêt proposé est de 45 minutes si l’excès de vitesse est inférieur à 20 km/h ; il est de 60 minutes si l’excès de vitesse est compris entre 21 et 40 km/h. 
  • Les conducteurs qui choisissent de faire une pause attendent sur une aire dédiée,  dans leur voiture et devant un panneau qui affiche leur numéro d'immatriculation et leur temps d’attente restant.

En sport mécanique, le principe du Stop & Go est bien connu : il consiste, par équité sportive, à arrêter le pilote quelques secondes pour le non-respect d’une règle pendant la course. 

Sur la route, selon le responsable estonien du projet, l’objectif est pédagogique : "Nous analysons l’impact de différentes solutions pour améliorer la sécurité ; nous souhaitons que les auteurs d’excès de vitesse modifient réellement leur comportement routier". 

Dans le même esprit, les forces de l'ordre estoniennes ont lancé d’autres initiatives plutôt créatives… Elles proposent par exemple aux contrevenants, sans obligation, des cartes de donneur d'organes afin de les sensibiliser aux risques accrus d’accidents dus à une vitesse excessive.